Arrivée des Seigneurs.

Malgré ses sombres vêtements de deuil, Arielle était radieuse. Elle regardait le solide châtelet d'entrée avec admiration, une main sur son ventre, et l'autre dans celle de Deldor.

Oh, mon tendre Sébastien... Je suis si émue! Si... sereine! Quelle étrange sentiment, alors qu'il y a quelques jours à peine, le chagrin de perdre Ashram me plongeait dans un sinistre brouillard... Mon pauvre Ashram... Emporté si jeune... Quelle tristesse...

Mais, vois-tu, j'ai l'impression, en regardant ces murs, cette lourde guérite, que... que je suis jà venue ici. Ces lieux me sont familiers, mesme si je n'y ai jamais mis les pieds!

Allons, entrons. J'ai hâte de voir ton domaine! Elle lui fit un joyeux sourire.

Galhard reconnut immédiatement l'élégant Seigneur d'Azé et s'inclina respectueusement, en admirant du coin de l'oeil la superbe jeune femme qui se tenait aux côtés du maître des lieux.

Soyez la bienvenue à Azé, gente Dame. Bien le bonjour, Messire de Plantagenêt.

Galhard eut un sourire ravi lorsqu'il apprit que la belle damoiselle allait devenir la Dame d'Azé, qui s'élargit encore en entendant qu'un petit seigneur allait bientôt naître. Il s'inclina une nouvelle fois, puis s'adressa à son maître d'un ton sérieux.

Tout de suite, Messire. À vos ordres.

Arielle rougit en étant ainsi présentée au garde. "Elle porte en elle vostre futur petit seigneur"... Il y avait jà quelques semaines qu'elle avait pris conscience de son état, et elle s'était tant efforcée de le cacher qu'il lui serait peu aisé d'apprendre à l'assumer publiquement. Et puis... visiblement, elle n'était pas mariée... elle avait donc fauté avant son hymen! Qu'allait-il penser d'elle? Qu'allaient-ils tous penser d'elle?

Cependant, un rapide coup d'oeil au garde lui apprit que celui-ci était simplement heureux d'apprendre une telle nouvelle. Le respect qu'elle lut dans son regard la rassura quelque peu. Il ne semblait pas la juger. Tout allait bien, pour l'instant.

Elle lui adressa un charmant sourire. Je suis enchantée de faire vostre connoissance, Messire Galhard.

Puis elle reporta son attention sur Deldor et le bonheur qui illuminait ses traits.

Tout heureux de se voir donner du "Messire" par la Dame, Galhard s'inclina une troisième fois. Après les avoir tous deux salués avec déférence, un grand sourire aux lèvres, il entra à l'intérieur du châtelet d'entrée et s'écria:

Oooh! Bartolomeo! Boug'-toi, fainéant! Le Seigneur est d'retour, et il a am'né avec lui sa promise! Tu vas voir, c'est toute qu'un' beauté, j'te l'dis! Cours vite le dire à la maisonnée, i'faut qu'les domestiques préparent le manoir! Allez, zou!

Pendant que le dénommé Bartoloméo pressait le pas vers la grande demeure seigneuriale, Galhard se dépêcha d'aller jusqu'au bout de l'allée, et demanda au cocher du carosse dans lequel son maître et la damoiselle avaient fait le trajet depuis La Flêche où résidait la jeune dame, afin qu'il puisse aller chercher ses effets personnels immédiatement.

Deldor s’abaissa discrètement au niveau du ventre d’Arielle
Bienvenue chez toi mon petit.

Il se releva et prit la main de sa bien aimé toujours illuminé de bonheur.
Entrons maintenant… Direction le Manoir.